jeudi 21 mai 2009


Peut-on dire qu'un végétal aime celui qui l'entretient? Je ne sais...
Mais voilà... Un jour d'hiver 2002, j'ai sauvé trois rhododendrons d'une mort certaine. Restés seuls dans un jardin à l'abandon, ils étaient condamnés, alors, je n'avais pas le choix, je les ai emmenés ici, avec toutes les précautions nécessaires. Les conditions de vie que ce lieu leur offrait n'étaient pas faciles, cependant tous les efforts ont été faits pour apporter un environnement acceptable : la terre améliorée, l'emplacement soigneusement choisi.
Seulement ce fut l'été 2003, l'été de la canicule! Eprouvant, à la fois pour les végétaux, les animaux et pour les humains...
Nous avons pourtant, eux et moi, traversé vaille que vaille ces chaleurs pénibles,avec beaucoup de soins et d'attentions : arrosages suivis, vaporisations régulières, etc. Le résultat fut que malgré la transplantation, les rhododendrons ont réussi à passer cet été torride sans dommages.
Depuis, les conditions de vie se sont nettement améliorées, l'environnement de chacun de ces rhododendrons s'est transformé, d'autres congénères sont arrivés mais ces trois pionniers, rescapés des premières heures du jardin co-créatif, ont toujours fait preuve d'une résistance exemplaire face aux difficultés, d'une belle persévérance à fleurir envers et contre tout. Ils ont même, par leur forte présence, créé le décor qui les entourent : en effet, quand un végétal se révèle puissant, il demande et attire tout un environnement autour de lui. Je l'ai constaté bien des fois, avec d'autres végétaux.
Bien sûr, j'ai participé à leur sauvetage, à leur vie dans ce lieu, j'ai tout fait pour les aider, pour améliorer le sol qui les a accueillis mais je dirais... :
Faut-il qu'ils m'aiment, mes rhododendrons, pour offrir chaque année à mes yeux émerveillés, une si somptueuse floraison avec une si belle santé !



mardi 19 mai 2009


Il ne me semble pas que nous soyons des victimes de la vie, que nous menions une bataille perdue contre la nature. C'est à mon sens tout le contraire.

Nous avons l'immense privilège d'être conscients de notre présence au sein de la nature; nous faisons partie de la vie, nous sommes du vivant au coeur même de la vie. Notre existence n'est pas une bataille perdue mais c'est une formidable expérience que de vivre. Avec tous les risques que cela comporte, les aléas du quotidien, il n'en demeure pas moins que chaque jour est une chance.

L'homme est habité de beauté et d'amour, une puissance faite d'harmonie, une énergie douce et aimante qui lui vient de la Mère. Le jardin lui permet de retrouver un peu son origine.

Il m'arrive de penser que c'est le jardin qui m'aime. Bien sûr, le jardin, c'est de la terre : des cellules, de la matière. Mais le corps aussi est fait de matière. L'amour n'est pas dans la matière mais il est porté par elle ou la matière est dans l'amour.

Le jardin et son jardinier vivent ensemble dans cet amour, même si la terre ne pense pas. Elle ne pense pas et pourtant elle est vivante et incontestablement, il existe une interaction entre le jardin et le jardinier. Le résultat est visible.


dimanche 17 mai 2009


Mon âme est très souvent à genoux (intérieurement) devant les beautés qui l'environnent. Point besoin de grands gestes démonstratifs, il suffit d'entrer en contemplation dans son sanctuaire intérieur, là où l'Un nous rejoint, nous attend. Ma vie est un remerciement permanent, cela est venu tout simplement, sans que j'en sois directrice, instigatrice.

"Je". Il va bien falloir que j'utilise le "je" pour parler de cette extraordinaire expérience de vie qui se déroule ici et depuis des années. Quelque chose d'indéfinissable, qui n'est pas rationnel aux yeux des matérialistes. En fait, je ne suis qu'un vecteur des Forces de Vie, de LA Force.

Le jardinage n'est pas que cette activité bucolique, attribuée aux retraités ou aux professionnels de la culture horticole. C'est bien plus que cela...
Les Forces de la Vie s'expriment en tout lieu et dans tout le créé. Absolument tout, minéral comme végétal, animal et humain. C'est une formidable énergie qui se déploie dans tout l'univers. Nous sommes enfants des étoiles, enfants des origines de ce monde et nous en portons la Connaissance universelle. Simplement, elle est profondément enfouie dans notre mémoire collective et peut-être faut-il certaines conditions pour qu'elle parvienne à notre conscient... et encore d'autres conditions pour qu'elle serve à quelque chose.

Ce quelque chose étant, je le crois, le développement spirituel de notre monde.

Teilhard de Chardin avait cette pré-science, cette conscience de la Connaissance universelle. Et de cette formidable Cosmogénèse qu'elle pouvait engendrer sur cette planète (entre autre).

Notre destin d'être humain n'est certainement pas ce développement industriel que nous avons suivi depuis des décennies. C'est probablement une impasse et sans doute un non-sens. Plutôt un contresens. L'homme n'est pas fait pour l'environnement qu'il a créé. Le béton, l'acier, les produits chimiques, la bombe nucléaire et toutes ces inventions technologiques destinées à nous détruire!! Aussi bien les pesticides et autres cochonneries délétères de Mossanto et comparses que ces machines infernales d'acier et de caoutchouc que sont les voitures et autres moyens de transport. Sans parler de tous les gadgets qu'on nous a fourgué dans la tête et que nous croyons indispensables à notre "survie".

Nous sommes loin de notre véritable réalisation.

Et c'est là que le jardin intervient. Peut-être pas pour tout le monde, certains auront d'autres moyens de connaissance, de réalisation et de contemplation. Mais pour moi, en tout cas, ce fut le jardin le déclencheur de ma prise de conscience.

samedi 16 mai 2009


Le jardin n'appartient à personne, il est à la Terre. Il vit pour un temps en compagnie de son jardinier, le jardinier du moment, mais il a son existence propre qui est infiniment plus longue que celle de l'humain qui le cultive.

Néanmoins, il se donne à celui qui l'aime et prend soin de lui. Alors, il lui offre ses merveilles, ses plus belles qualités, ses défauts les plus intéressants et ensemble, ils vont vivre, son jardiner et lui, une belle histoire d'amour.

Le jardin dont je suis "l'ouvrière" est ainsi. Un jour, il y a cinquante ans, un homme s'est arrêté devant une vague parcelle de terrain agricole qui ne ressemblait en rien à un jardin. Mon beau-père est parti de peu de chose : une vaste surface herbeuse, c'est tout ou presque, puis il a créé une structure qui lui était propre, un parc de plantations maritimes parce que le terrain a ses exigences qui lui sont propres, lui aussi.

Un jardin est le reflet de l'âme de son jardinier, il évolue selon les décennies et avec celui qui le cultive. Cela se confirme de manière éclatante avec le terrain de la famille. A présent, une autre personne s'occupe de lui et tout est différent. Le caractère du jardin se féminise, s'adoucit, se colore. La Vie l'a décidé ainsi : les circonstances climatiques, les tempêtes...
Et puis, un jour, quelqu'un d'autre reprendra le flambeau et le jardin évoluera avec son nouveau jardinier, encore une fois. C'est la Vie!